Les moments clés qui jalonnent le parcours des collaborateurs sont des moments décisifs qui marquent leur expérience en interne. Ces moments peuvent soit enchanter l’expérience collaborateur quand ils sont vécus positivement, soit à l’inverse devenir des points de friction. Vouloir améliorer l’expérience que vivent les salariés passe donc forcément par un travail sur leurs moments clés. Mais si l’on a admis collectivement que la frontière entre vie pro et vie perso s’était considérablement réduite, les entreprises sont encore timides dans le fait de considérer que les moments de vie du salarié contribuent à leurs perceptions de leur expérience collaborateur.
Il y a pas mal de littérature qui prétend lister les moments clés des collaborateurs au sein de l’entreprise, et qui en définit une liste applicable à toutes les entreprises. Personnellement ça me dérange un peu, si le parcours collaborateur au sein de votre entreprise est exactement le même dans ses moments clés que celui de toutes les autres entreprises, quelle est votre spécificité ? J’entends bien que l’onboarding, l’évolution interne, la sortie de l’entreprise par exemple, sont des moments que l’on trouve dans tous les parcours, mais s’en tenir à ses macro-moments c’est passer à côté de la véritable compréhension de ce que vivent nos collaborateurs.
Adopter une démarche « utilisateur centric » en interne passe par l’identification des moments clés directement liés à la culture et au fonctionnement de l’entreprise, puis par la qualification de ces moments : d’enchantement ou de friction ? Ainsi on se demandera ce que les collaborateurs ont vécu et ressenti quand ils ont demandé un feedback à leur manager, quand ils ont eu des succès, des doutes, des difficultés sur leur poste, quand ils ont voulu partager une idée qu’ils ont eu pour l’entreprise, etc.
Soyons honnête, il y a au mieux de la naïveté ou de l’incompréhension du sujet, au pire de l’hypocrisie dans le fait de se dire que le parcours collaborateur dans notre entreprise est le copié-collé d’un parcours standardisé trouvé dans un article.
D’autant plus qu’on peut considérer qu’il n’y a pas 1 mais « des » parcours collaborateur, et même des moments clés différents d’une équipe à une autre. J’encourage les managers à identifier les moments décisifs au sein de leur équipe, peut-être liés à la saisonnalité de leur activité (on comprend bien que par exemple le pic d’activé annuel que représente le bilan pour les comptables, peut être un moment décisif dans leur parcours), ou liés à la composition même de l’équipe (des collaborateurs d’une équipe éclatée sur plusieurs sites ou en remote, ne vivent pas forcément les mêmes moments clés, ou pas de la même façon, que leurs collègues d’équipes basées sur un seul site et qui se voient chaque jour), etc.
Bref, comme je le dis toujours, les moments clés ça parait basique mais c’est très loin de l’être. Et c’est encore plus loin de l’être si l’on considère aussi les moments de vie des collaborateurs !
Se sont les événements de vie importants qui vont avoir un impact sur le quotidien de travail des collaborateurs : un premier enfant, le décès d’un proche, une maladie grave, le collaborateur qui devient aidant,…
Des événements qui vont se lire dans l’humeur, la motivation, la performance, et sans doute même l’engagement des collaborateurs qui les vivent. Le manager, en première ligne pour recueillir la confidence du collaborateur et repérer les effets sur son expérience, doit être sensibilisé à l’impact des moments de vie et doit avoir les moyens d’intervenir : en adaptant les horaires du poste, en déchargeant temporairement le collaborateur, en envisageant avec lui une façon de travailler qui l’aide,… Je parle du manager parce que c’est le frontal, mais bien entendu c’est l’intégralité de l’organisation qui doit être mobilisée dans cette prise de conscience.
Non ? C’est n’importe quoi ? Les moments de vie des collaborateurs doivent rester à la porte de l’entreprise ? C’est une façon de voir, dans ce cas soyons cohérent jusqu’au bout : les ordinateurs portables et smartphones sont interdits de passer la porte de l’entreprise quand le collaborateur n’y est pas alors. Bé parce que si la vie perso n’a rien à faire à l’intérieur, alors la vie pro n’a rien à faire à l’extérieur 🤷🏻♀️
Comments 1
je suis tellement d’accord que je serai ravie de faire votre connaissance ! 🙂